19 Oct Vivre avec l’arthrose à la hanche
L’arthrose à la hanche, aussi appelée la coxarthrose, est une affection beaucoup plus répendue que vous pourriez le croire. À partir de l’âge de 30 ans, 10% des personnes peuvent déjà en être touchées ! Parmi les articulations les plus massives du corps humain, après les genoux (gonarthrose), ce sont les hanches qui sont le plus assujetties à cette affection ostéoarticulaire.
Pour reconnaître la présence d’arthrose à la hanche, voici les signes et les symptômes à observer :
- Douleur à l’aine et qui irradie à l’avant de la cuisse
- Douleur aux muscles fessiers et au trochanter qui peut irradier sur le côté de la jambe
- Douleur augmente à l’activité physique (marche, escalier, mise en charge)
- Douleur est soulagée par le repos
- Perte des amplitudes articulaires passives et actives
- Faiblesse marquée du muscle moyen fessier
- Raideur suite à une immobilisation prolongée (le matin, au lever du lit)
- Altération du cartilage et de l’os sous-chondral (sous le cartilage) visible à la radiographie (image 1)
- Contracture de la hanche en flexion.
Pourquoi ça fait si mal ?
Bien que le cartilage ne soit pas innervé, la douleur est bien réelle et se manifeste pour différentes raisons. Il peut y avoir une formation d’ostéophytes sur l’enveloppe de l’os (périoste), la présence de micro-fractures au col du fémur, un épanchement excessif du liquide synovial qui pousse sur la capsule (image 2), ainsi que l’augmentation de la pression veineuse dans l’os sous-chondrale (sous le cartilage).
Il faut par contre distinguer les douleurs liées à une bursite du muscle psoas-iliaque ou d’une tendinobursopathie trochantérienne. Celles-ci sont exacerbées au repos et peuvent même vous tenir éveillé la nuit, alors qu’il faut se rappeler, que les douleurs reliées à l’arthrose sont plutôt soulagées en position couchée. À moins que vous ayez les deux conditions en même temps !
Oui ou non à une prothèse totale de hanche ?
Cette chirurgie sera envisagée en dernier recours, seulement si les autres avenues thérapeutiques n’ont pas atteint l’efficacité espérée.
Il faut comprendre qu’à une certaine époque, pas si lointaine, la durée de vie d’une prothèse totale de hanche était de seulement 15 ans. Cette chirurgie était repoussée le plus tard possible chez les plus jeunes patients, afin d’éviter de devoir refaire à nouveau cette intervention à un âge plus avancé. De plus, la procédure était très invasive, durant laquelle l’on devait sectionner de gros muscles (grands fessiers) en plus de vivre avec des restrictions importantes des mouvements de la hanche le reste de sa vie active et un risque assez élevé de dislocation de sa prothèse. Aussi, on notait plus de complications chez les moins de 65 ans : étant plus actifs, la prothèse s’usait plus rapidement et les chirurgies de révision, qui consistent à changer une ou plusieurs pièces de la prothèse, étaient plus fréquentes.
Aujourd’hui, les nouveaux matériaux utilisés sont plus résistants qu’avant et avec une plus longue durée de vie. L’intervention s’est améliorée, car en empruntant la voie antérieure, l’intégrité des muscles est conservée et le risque de dislocation éliminée. Malgré ces optimisations, certains chirurgiens, en Amérique du Nord en tous les cas, ne pratique toujours pas à ce jour cette approche mieux adaptée à une clientèle plus jeune.
Une alternative existe pour ces personnes : le resurfaçage (image 3). Cette technique consiste à recouvrir la tête du fémur avec une prothèse ronde en alliage qui s’articulera dans une cupule métallique placée dans l’acétabulum. Cela permet de conserver l’os du fémur, dans sa partie proximale.
L’activité physique bénéfique pour l’arthrose
De plus en plus, le corps médical met l’emphase sur l’information et l’éducation fait auprès de la clientèle afin qu’elle puisse mieux gérer et vivre avec cette condition chronique, parfois fluctuante et dégénérative.
Dans le cas d’arthrose légère à modérée, une approche préventive et axées sur les exercices physiques peuvent réduire sensiblement les douleurs s’ils sont bien dosés.
Même la course à pied ne serait pas déconseillée, tant qu’elle est faite en alternance avec d’autres activités physiques sans impact (vélo, natation, elliptique). Le secret pour bien vieillir avec l’arthrose à la hanche est d’intégrer des exercices dans son quotidien afin que cela devienne une habitude ancrée dans sa vie.
Un programme de rééducation complet devrait contenir :
- Des exercices de renforcement spécifiques à la hanche
- Des exercices pour améliorer la souplesse musculaire
- Des exercices de mobilité articulaire
- Des exercices pour travailler sa proprioception et son équilibre debout.
Mais si ça fait trop mal pour bouger ?
Bien sûr, il arrive un moment où l’arthrose et les douleurs sont trop importantes, et que le moindre mouvement réveille le démon qui dort.
Quoi faire ?
Lorsqu’il y a une poussée inflammatoire, la douleur peut être plus importante la nuit et le cercle vicieux de la douleur ne vous lâche pas deux secondes, une infiltration de corticostéroïdes sous injection intra-articulaire sera envisagée. Celle-ci pourra être répétée de deux à quatre fois durant la même année. L’objectif de ces infiltrations sera de permettre une fenêtre sans douleurs durant laquelle la personne pourra reprendre graduellement ces activités et recommencer à bouger. Ce n’est pas un remède miracle, mais une aide temporaire.
La médication dans tout ça
En 2012, la duloxétine (un antidépresseur communément appelé Cymbalta) a reçu l’approbation de Santé Canada et de la FDA pour le traitement de la douleur chronique causée par l’arthrose. De plus en plus utilisés et reconnus pour traiter les syndromes douloureux chroniques, les antidépresseurs permettent entre autres d’élever le seuil de tolérance à la douleur en stimulant les voies inhibitrices de celle-ci. La duloxétine agit directement sur la douleur en plus de stabiliser les états dépressifs et anxieux associés à la douleur chronique.
Elle peut être prescrit seule ou en association avec d’autres médicament, comme l’acétaminophène par exemple, un analgésique efficace et reconnu pour la douleur légère à modérée. Des antiinflammatoires non-stéroïdiens seront envisagés si les patients n’ont pas le soulagement escompté avec l’acétaminophène, mais doivent être pris avec beaucoup de précautions. La dose efficace la plus faible et d’une durée la plus courte sera le mieux, sachant que ces médicaments comportent des risques au niveau cardiovasculaire, digestif et rénaux.
Arthrose à la hanche : tout n’est pas fini !
Un diagnostic d’arthrose à la hanche n’est pas le début de la fin d’une vie active, au contraire.
J’ai même lu dans un article scientifique que 7 ultra-marathoniens ont couru avec leur prothèse totale de hanche, dont un qui a parcouru une distances 60 000 km sans que celle-ci ne casse !
Bon. Il n’est pas nécessaire de bouger autant, mais bouger demeure le meilleur des remèdes à ce jour.
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