Souffrez-vous d’une tendinobursopathie trochantérienne ? - Alinéa Santé

Souffrez-vous d’une tendinobursopathie trochantérienne ?

Quel mot ! Essayer de le dire et même de l’écrire sans regarder ni faire de faute. J’y arrive à peine.

Avant de parler de ce problème spécifique, je veux prendre le temps de bien vous expliquer cette région du corps. Les douleurs à la hanche font partie des motifs les plus fréquents de consultation. Étant une articulation assez complexe, il arrive souvent que la cause des douleurs soit mal diagnostiquée ou tarde à être élucidée. 

 

Résumé anatomique de la hanche 

Afin de bien comprendre le fonctionnement de cette articulation, voici un petit résumé anatomique : 

Muscles :  

  • Fessiers (3) : petit, moyen et grand fessier 
  • Pelvitrochantériens (6) : piriforme, obturateurs interne et externe, jumeaux supérieur et inférieur, carré fémoral
  • Psoas-iliaque 
  • Muscles stabilisateurs de l’articulation : quadriceps, ischio-jambiers, bandelette ilio-tibiale 

Os : l’articulation coxo-fémorale est formée de l’extrémité supérieure du fémur, par la tête du fémur qui s’articule avec le cotyle (aussi appelé l’acétabulum) de l’os iliaque. 

Capsule et ligaments : l’articulation coxo-fémorale est entourée d’une capsule à l’intérieur de laquelle nous retrouvons le liquide synovial, et renforcée par de puissants ligaments, dont les ligaments ilio-fémoral, ischio-fémoral, et pubo-fémoral. (image 1)

Ligaments hanche

Image 1

Bourse : trochantérienne, qui permet le glissement des tendons sur le grand trochanter (image 2)

Bourse trochantérienne

Image 2

 

 

 

 

 

 

 

Qu’est-ce qu’une tendinopathie ?

C’est un terme qui englobe les différentes blessures des tendons, qu’il y est inflammation (tendinites), dégénérescence (tendinoses) ou qu’il y est présence de déchirures plus ou moins importantes. Les muscles les plus souvent affectés par une tendinopathie à la hanche, sont les petits et moyens fessiers (image 3). Comme ils s’insèrent sur le grand trochanter, qui est une sailli osseuse assez proéminente qui pointe vers l’extérieur, les risques de frottements répétés, de chocs lors d’une chute ou lors de la pratique d’un sport de contact, sont plus élevés sur leurs tendons. Quand ceux-ci sont irrités et inflammés, la bourse trochantérienne, qui a pour rôle de limiter le frottement entre les tendons et l’os, peut devenir inflammée à son tour. Nous parlons donc d’une tendinobursopathie trochantérienne. 

Fessiers anatomie

Image 3

 

Reconnaître les symptômes d’une tendinobursopathie trochantérienne 

  • La douleur s’installe progressivement, à la face latérale de la hanche et peut descendre vers la région du genou et s’étendre vers l’arrière (fessiers). 
  • Sensibilité à la palpation du grand trochanter et lorsque couché sur le côté. 
  • Présence d’enflure et de chaleur. 
  • La douleur est exacerbée lorsque l’on croise la jambe en position assise, à la marche, à la course à pied, en montant et descendant les escaliers. 
  • Le sommeil est perturbé et il est impossible de dormir sur le côté, même du côté sain. 

 

D’autres conditions physiques peuvent nous biaiser dans l’établissement du bon diagnostic. Par exemple, contrairement à la douleur associée à l’arthrose de la hanche, celle ressenti avec une tendinopathie ne diminuera pas de façon notable en position couché. Aussi, il ne faut pas confondre la tendinobursopathie avec une irritation du nerf sciatique, dont les douleurs peuvent aussi irradier jusqu’aux genoux, mais qui sont plus souvent accompagnées d’engourdissements et de sensations de chocs électriques. Finalement, une irritation à l’articulation sacro-iliaque donnera aussi des douleurs aux muscles fessiers, mais davantage à ses insertions proximales sur le sacrum plutôt que ces insertions distales sur le fémur, au niveau du grand trochanter.

 

Quelle sont les causes principales et les prédispositions ? 

Angle Q genou

Image 4

  • C’est une affection qui touche surtout les femmes (90%), entre 40 et 65 ans. 
  • La morphologie différente des hanches, peuvent augmenter les risques, car l’angle Q, celui formé par le fémur et le genou, est plus prononcé chez les femmes, ajoutant ainsi plus de contraintes sur la bandelette ilio-tibiale, les muscles fessiers et la bourse. (image 4) 
  • Un déséquilibre ou une faiblesse musculaire au niveau des hanches et des jambes
  • Des mouvements répétitifs ou excessifs (marche, course, travail debout, arts martiaux)
  • Un volume de marche ou de course trop élevé ou une augmentation trop rapide de celui-ci 
  • Une différence entre la longueur des jambes 
  • Une chute sur la hanche ou un choc direct

 

 

Conseil numéro 1 = une bonne position en tout temps ! 

Vous auriez beau faire tous les traitements, pratiquer les exercices recommandés, mais si vous ne mettez pas en pratique CE conseil, votre condition risque de ne pas s’améliorer. Ou du moins, pas aussi vite que vous le voudriez.

Avoir en tout temps un bon alignement hanche-genou-cheville. Cela a pour but de diminuer la tension sur la bandelette et les muscles fessiers, ainsi que la pression sur la bourse trochantérienne. 

Assis : Assis sur les ischions, les genoux légèrement plus bas que les hanches, mais à la largeur de celles-ci (les rotules alignées avec les 2e orteils). S’assurer que les pieds reposent au sol pour soutenir le poids des jambes et diminuer la tension sur les muscles.  Vidéo

Debout : Garder les pieds la largeur des hanches, parallèles idéalement, et les genoux déverrouillés. En ayant les genoux ”bloqués’’ vers l’arrière, la tension dans les bandelettes ilio-tibiales est augmentée. 

À la marche : Éviter de marcher comme un mannequin ! Garder un certain espace entre vos deux pieds, comme si vous vouliez marcher de part et d’autre d’une ligne blanche, en bord de route. Vous ne voulez pas vous déhancher, mais bien garder votre bassin à l’horizontal le plus possible.  Vidéo

Monter et descendre les escaliers : Déposer le pied sur la marche en face de la hanche correspondante. Au moment de mettre son poids sur ce pied et de se soulever sur cette jambe, il faut garder le genou au-dessus du 2e orteil (il aura tendance à basculer vers l’intérieur). Contracter le grand fessier pour soulever son poids. Au moment de descendre les escaliers, garder toujours une légère flexion dans les genoux, comme si vous marchiez sur des coquilles d’œufs. Vidéo

Image 5

Couché sur le dos : Mettre un ou deux oreilles en dessous des genoux et les garder à la largeur des hanches, aidera grandement à soulager les tensions musculaires sur celles-ci.

Couché sur le côté : Dormir sur le côté non douloureux et glisser un oreiller assez épais et assez long pour supporter la cuisse, le genou et le pied. Idéalement, la jambe doit être parallèle au lit. (image 5)

 

Des fessiers trop faibles = des fessiers tendus  

C’est difficile d’imaginer que pour enrayer une douleur à un muscle qu’il faut souvent le renforcer. Pas dans les premiers jours, mais éventuellement, on n’y échappera pas. Car selon une étude australienne, il y aurait une faiblesse des muscles fessiers des deux côtés (côté atteint et côté sain) en présence d’une tendinopathie, plus que chez la moyenne des gens. 

S’il y a une bursite et/ou présence d’inflammation au niveau des tendons (tendinite), de la glace et des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) seront prescrits. Des étirements doux, des étirements myo-fasciaux, des techniques d’automassage avec des balles ou des rouleaux de mousse (foam roller) aideront à diminuer les tensions et à soulager la pression exercée sur les tendons. 

Ensuite, il faut vraiment investiguer sur la cause de ce problème. Est-ce un déséquilibre musculaire, une mauvaise technique de course, une surcharge pondérale, une compensation par manque de mobilité au niveau de la hanche, du genou ou de la région lombaire, etc. ? Ensuite un renforcement spécifique des muscles fessiers sera incontournable, en plus de tonifier les muscles du tronc, les abdominaux profonds et les membres inférieurs.  

 

Le retour aux activités antérieures 

Le retour progressif au sport ou l’activité pratiquée sera primordial. Il faudra bâtir l’endurance musculaire sur une plus longue durée. C’est à dire que l’on voudra repousser le moment où le muscle se fatiguera, que nos faiblesses ressortiront et que la douleur apparaîtra. Cela demandera beaucoup de discipline pour ne pas dépasser ce seuil et un peu d’humilité.

Par exemple, pour avoir eu un début de tendinite au moyen fessier droit, après plusieurs kilomètres de course en sentier, il m’arrive de ne plus en mesure de garder un bon alignement de mon genou au-dessus du 2e orteil, surtout lors des montées. En n’écoutant pas mon niveau de fatigue musculaire, j’aurais pu me blesser et m’occasionner des douleurs si je n’avais pas appris à arrêter à temps. C’est pour cela que je dois continuer à mettre des périodes de renforcement à mon horaire, si je veux toujours courir plus loin et plus longtemps. 

J’ai toujours pensé que le renforcement musculaire était là pour nous permettre de faire toutes les activités qui nous font plaisir. Et maintenant, je réussi à avoir beaucoup de plaisir à faire mes séances de musculation. N’est-ce pas merveilleux !

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