10 Jan Quels types de douleurs souffrez-vous?
Bien qu’elle soit désagréable, la douleur est nécessaire à notre survie, car elle permet de nous avertir des dangers qui menacent notre organisme. Il faut la voir comme un allié et non comme un ennemi à battre.
S’il est parfois difficile de comprendre les différentes douleurs qui vous affligent au quotidien, il est probablement plus ardu de mettre des mots sur celles-ci devant votre thérapeute, médecin ou spécialiste. Afin de vous aider à démystifier le tout, j’ai voulu faire la lumière sur les douleurs dites locales, irradiées et projetées. En espérant que cette lecture vous permette de mettre des mots sur des maux.
La douleur locale
La douleur locale est souvent la plus courante, surtout si vous vous levez du mauvais pied. Nous la percevons à tous moment de la journée, notamment pour les plus lunatiques d’entre nous. On se brûle en touchant une poêle trop chaude, en se coupe le doigt avec la bordure d’une feuille ou l’on maugréer et sautille après s’être cogné le petit orteil sur le coin du lit. Ça vous rappelle certains matins? Rien de bien sérieux, plus fâcheux que douloureux vous me direz.
Dans ces cas-ci, la douleur est assez précise au point où nous sommes capable de la pointer du doigt. La blessure elle, se situe au même endroit que la douleur et elle est souvent superficielle, peu sévère et se résorbe en quelques jours, ainsi que la douleur.
La douleur irradiée
La douleur irradiée est quant à elle est plus diffuse, bien que son origine soit assez précise. Les douleurs irradiées proviennent généralement d’une lésion beaucoup plus profonde, tel qu’un nerf spinal (nerf rachidien qui prend origine dans la moelle épinière) ou périphérique inflammé. La douleur sera ressentie dans le territoire sensitif de celui-ci.
Par exemple, cela nous est tous arrivé de se cogner le coude et ressentir des chocs électriques et des engourdissements instantanés à l’annulaire et l’auriculaire. Cette sensation fort désagréable est due à une compression du nerf ulnaire qui est responsable de l’innervation d’une partie de la main et des doigts. Nous pouvons nous frotter les doigts aussi longtemps que nous voulons, cela ne changera rien à la sensation, car nous n’agissons pas sur la lésion d’origine.
Il en est de même pour la douleur au nerf sciatique. Le nombre incalculable de clients que j’ai vu avec une douleur dans la jambe, le mollet ou le pied alors qu’ils n’avaient pas de douleur apparente au dos. Toutefois, dès que nous traitions le dos, la douleur disparaissait comme par enchantement. On pourrait croire que c’est de la magie, mais non, le corps humain est ainsi fait.
La douleur référée (ou projetée)
La douleur référée est souvent reliée aux viscères. L’exemple le plus commun de ce type de douleur est celle ressentie dans le bras gauche lors d’un infarctus du myocarde. Dans ce cas, il n’y a pas de nocicepteurs (récepteurs qui répondent à une stimulation de douleurs) stimulés dans le bras ni de nerfs périphériques ni de racines nerveuses altérées.
Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi cela se manifestait de cette façon ou suis-je la seule à me poser des questions de la sorte? J’ai fait quelques recherches à ce sujet. Voici l’explication que j’ai trouvée, l’interprétation et la vulgarisation que j’en ai faite (car j’avoue, cette lecture n’était pas des plus simples).
Il semblerait que l’origine de ces manifestations remontent au stade embryologique. La douleur se produit dans le même segment embryologique du viscère endommagé. Plus simplement, lorsque nous n’étions qu’un embryon, le cœur et le bras se partageaient le même groupe de cellules. En grandissant, ces deux organes (cœur et bras) se sont espacés en distance, mais leurs messages sensitifs sont demeurés les mêmes. Intéressant n’est-ce pas?
Le cerveau confond donc le site de la douleur (bras) et le siège de la lésion (cœur). C’est pourquoi notre cortex cérébral (cerveau) ne fait pas la distinction entre les signaux viscéraux et ceux cutanées, alors il interprète la douleur venant des régions cutanées (bras dans notre exemple) et non de l’organe inflammé (cœur).
Pourquoi il est si difficile de décrire sa douleur (et de se faire comprendre)?
Imaginez arriver dans le bureau du médecin avec un mélange de douleurs locales, irradiées et référées? C’est ce qui arrive souvent aux personnes aux prises avec des conditions physiques telle que la fibromyalgie et la sclérose en plaques. C’est déjà tout un défi de verbaliser des douleurs diffuses, irrégulières et qui ne respectent pas les territoires des dermatomes (peau), myotomes (muscles), sclérotomes (structures osseuses) et viscérotomes (viscères). C’est également un casse-tête pour les personnes traitantes de déterminer la cause et l’origine de celles-ci.
La douleur est rarement cartésienne
Je me souviendrai toujours de la première fois durant laquelle j’ai eu une patiente atteinte de fibromyalgie. Je complétais mon dernier stage dans une clique de physiothérapie en Gaspésie. Une fois le bilan de santé, les tests de sensibilité et de motricité complétés, objectivement je n’arrivais pas à comprendre les causes de sa souffrance, car ses douleurs ne correspondaient aucunement aux schémas dans mes livres. Malheureusement, je n’ai pas été d’un grand support pour cette patiente.
Vingt ans plus tard, je sais maintenant que les manifestations des douleurs sont très complexes et toutes aussi variées qu’il y a de personnes qui souffrent. Gardons l’esprit ouvert.
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