27 Avr La ténosynovite De Quervain
C’est le vrai terme utilisé pour nommer l’irritation de la gaine synoviale qui entoure les tendons à la base du pouce, plus précisément les tendons des muscles long abducteur et court extenseur du pouce. (image 1)
Cette gaine est naturellement lubrifiée afin de permettre aux tendons de glisser librement à l’intérieur de celle-ci. Avec les mouvements répétitifs ou forcés de la main, du poignet et du pouce, la lubrification devient insuffisante pour protéger la gaine des frottements induits par les tendons. Par conséquence, la gaine s’épaissit et se resserre anormalement autour de ceux-ci.
Êtes-vous à risque ?
Si vous répondez ”OUI” à plusieurs des affirmations suivantes, vous avez plus de chances de développer une tendinite au pouce que de gagner à la loterie !
- Je travaille à l’ordinateur.
- Je passe beaucoup de temps sur mon téléphone intelligent.
- J’ai un travail de manutention.
- Je fais des mouvements répétitifs de précision (coiffure, couture, musique).
- Mon vélo n’est pas bien ajusté et je mets beaucoup de poids sur les mains.
- J’ai déjà eu une fracture au poignet.
- Je suis enceinte, j’ai de jeunes enfants ou je suis ménopausée.
- Je fais du télétravail depuis plus de 3 ans.
- Je pratique des passe-temps de précisions sans compter les heures (peinture à numéro, tricot).
Personne n’est à l’abri, mais les femmes de 35 à 55 ans auraient une prédisposition à développer ce problème. Donc, portez-y une attention particulière.
Faites le test !
Un test diagnostic consiste à faire la manœuvre de Finkelstein. Mettez votre pouce à l’intérieur de votre paume de main et enveloppez-le avec vos doigts. Ensuite, faites une déviation cubitale, c’est à dire, plier votre poignet afin que votre petit doigt se rapproche de la face externe du poignet. (image 2)
Si vous ressentez une douleur vive ou un choc électrique à la base du pouce, il y a de fortes chances que vous ayez un début de tendinite. Ne vous en faites pas, cette condition se guérit assez facilement si elle est prise en charge rapidement. N’attendez pas d’avoir tous les symptômes suivants avant de consulter !
- Douleur à la base du pouce, sur la face externe du poignet
- Tuméfaction
- Diminution de la force de préhension
- Sensation de picotement et d’engourdissement
- Limitation fonctionnelle (beaucoup de difficulté à faire des gestes simples au quotidien)
Vous serez surpris à quel point la vie quotidienne est impactée lorsque l’on ne peut pas utiliser convenablement son pouce. Ouvrir une poignée de porte, tenir un verre d’eau et même attacher son pantalon !
Que faire avec une tendinite au pouce ?
Je me souviendrai toujours d’une des premières patientes que j’ai vues à la clinique-école du cégep Marie-Victorin dans le cadre de ma technique en réadaptation physique. Une dame d’un certain âge aux prises avec une ténosynovite de Quervain. Je lui avais recommandé de reposer sa main et son poignet le plus souvent possible. Elle m’avait demandé au désespoir : ‘’Comment vais-je faire pour éplucher mes patates, car je reçois mes enfants à Noël ?’’ Je lui ai dit spontanément : ”Vous allez demander à votre mari de le faire pour vous.” Elle était outrée par ma suggestion pourtant si simple. Je crois ne plus l’avoir revue par la suite.
La première chose à faire est d’accorder du repos à votre pouce. Au début nous recommanderons une orthèse la nuit, afin de bien positionner le poignet et le pouce et ainsi empêcher l’utilisation des tendons inflammés. Si la condition est sévère, l’orthèse pourra être portée de jour, mais pas de façon continue. Nous ne souhaitons pas immobiliser complètement le poignet pour éviter le plus possible la perte de mobilité, de flexibilité et de force musculaire.
Comment traiter cette condition ?
Voici un truc qui fonctionne assez bien chez la plupart des patients. Au retour de votre journée de travail, plonger la main et le poignet dans un évier rempli d’eau légèrement plus chaude que la température de la pièce. Faites des mouvements doux et non douloureux des doigts, du poignet et de l’ensemble de la main afin de dénouer le tout, mais sans irriter davantage. Après cet échauffement de quelques minutes, enchaînez avec des étirements doux du pouce, du poignet et des doigts. Ceux-ci se feront plus aisément.
Après cette séance de mobilisation et d’assouplissement, on recommande de mettre du froid de 10 à 15 minutes et de remettre l’orthèse pour la prochaine heure. Dans quelques jours ou semaines, lorsque le pouce sera moins sensible, il sera important de faire de la tonification douce afin de prévenir les récidives. Sortez vos épingles à linge et vos élastiques à légumes ! (image 3)
Cliquez ICI pour voir la capsule complète d’exercices.
Attention au beau temps !
Si vous faites du télétravail, le beau temps signifiera que vous voudrez sûrement vous installer sur votre patio, utiliser votre chaise longue ou votre hamac. Malheureusement, cela augure mal pour les bonnes habitudes posturales si la transition est improvisée. Car seulement quelques heures passées dans une position non ergonomique pourront réveiller des douleurs en dormances et induire des troubles musculosquelettiques de la sorte.
À vérifier :
- Mes avant-bras et mes poignets sont supportés et droits.
- Ma souris me permet de garder ma main et mon poignet dans une position neutre.
- Mon cou et mes épaules sont-ils détendues et dans le prolongement du reste de ma colonne.
Si c’est le cas, mettez de la crème solaire, car votre employeur aura de la difficulté à croire que vous travaillez vraiment lorsqu’il vous verra à la prochaine rencontre d’équipe en ZOOM !
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