Le syndrome du tunnel carpien   - Alinéa Santé

Le syndrome du tunnel carpien  

Je comparerais le syndrome du tunnel carpien comme l’heure de pointe dans un tunnel en réparation

Muscles doigts-poignets

: c’est irritant ! 

Pour bien comprendre ce problème musculosquelettique, voici un petit rappel anatomique du poignet, plus précisément, ce qui compose le tunnel carpien :  

  • Les ligaments des muscles fléchisseurs du poignets et des doigts (fléchisseurs superficiel et profond des doigts, long fléchisseur et adducteur du pouce, carré pronateur). (image 1) 
  • Les gaines de ces tendons
  • Le nerf médian 
  • Le ligament transverse 
  • Certains os du carpe  

 

Gaine, ligament et nerf

 

 

 

 

 

 

 

Une compression ou une irritation du nerf médian, un nerf sensitivo-moteur de la face antérieur de l’avant-bras et de la main, survient habituellement lorsque l’espace appelé “tunnel carpien” ou “canal carpien” est réduit par l’inflammation de tendons ou de ligaments (image 2). Ceux-ci occupant un plus grand volume, donc réduisent l’espace déjà restreint et créent une pression sur le nerf. Il en résulte des douleurs et engourdissements dans le territoire innervé par le nerf médian, soit le pouce, l’index et la majeur, la moitié de l’annulaire et une grande partie de la face palmaire de la main (image 3). Ce syndrome peut se présenter sous une panoplie de symptômes :

Territoire innervé par le nerf médian

  • Picotements 
  • Faiblesse musculaire
  • Sensation de brûlure ou de chocs électriques 
  • Diminution de la sensibilité 
  • Diminution de la force de préhension 
  • Restriction de mouvements  
  • Symptômes plus intenses la nuit et qui occasionnent des réveils fréquents 

 

Plusieurs raisons peuvent entraîner ce syndrome, mais les plus courantes sont les mouvements répétitifs et les vibrations de la main, du poignet et de l’avant-bras sur une longue période, ainsi qu’une mauvaise posture de travail. Plusieurs métiers sont plus à risque : entretien ménagé, coiffeurs, hygiénistes dentaire, caissiers, serveurs, opérateurs de machinerie lourde, chauffeurs de camions (vibrations), travail à l’ordinateur et métiers de la construction (outils lourds et vibrations), pour ne nommer que ceux-là. 

Mais nous sous-estimons d’autres facteurs de risques et conditions qui préconisent ce syndrome :  

  • Grossesse (œdème des mains et des poignets) 
  • Ménopause 
  • Blessures au poignet (fracture passée ou récente) 
  • Arthrite rhumatoïde et diabète 
  • Problèmes cervicaux (hernie, arthrose et compression discale au niveau C5-C6-C7) 

 

Quoi faire pour prévenir ou soulager lors de l’apparition des premiers symptômes ? 

  • Prendre des pauses : 1 à 2 minutes à toutes les 30 minutes et varier les tâches. 
  • Améliorer votre poste de travail : faire évaluer votre poste afin de s’assurer qu’il est le plus ergonomique et l’optimiser pour vous. 
  • Corriger votre posture au travail et dans la vie quotidienne. Posez-vous les questions suivantes :  
    • Est-ce que mes épaules et mon cou sont détendus ? 
    • Mes poignets sont-ils droits, dans le prolongement des avant-bras? 
    • Mes bras, coudes et avant-bras sont-ils soutenus ou reposent-ils sur une surface quelconque ? 
    • Est-ce que mon regard est à l’horizontal et droit devant ? 
    • Est-ce mes coudes sont près de moi ? 

Si vous avez répondu “NON” à plus d’une de ces questions, il se pourrait que vous soyez plus à risque de développer ce problème musculosquelettique. Malheureusement, votre métier vous impose peut-être des contraintes particulières avec lesquelles vous devez composer. Par exemple, les coudes des hygiénistes dentaires sont rarement supportés et leur tête souvent penchée vers l’avant durant de nombreuses tâches spécifiques à leur travail.  Est-ce que ces personnes ont les muscles des épaules, du haut du dos et du cou assez forts pour compenser ? Est-ce qu’il y a suffisamment de moments dans leur horaire pour faire des pauses, pratiquer des exercices de normalisation et des étirements ? 

 

Pour des douleurs légères à modérées : 

  • Portez une orthèse droite au poignet la nuit, au repos, afin de restreindre la pression sur celui-ci. Le jour, ce type d’orthèse n’est pas

    Orthèse droite pour poignet

    possible, car elle limite trop les mouvements (image 4). 

  • Des étirements myo-fasciaux des muscles fléchisseurs des doigts et des exercices de tonification douce des différents muscles de la main et du poignet.  
  • Des exercices de renforcement des épaules, du cou et du haut du dos, ainsi que des exercices de stabilisation de la ceinture scapulaire (omoplates).  
  • Des ELDOA spécifiques à la région cervicale (C5-C6-C6) et de l’articulation gléno-humérale, prend naissance le nerf médian.  
  • Des exercices de mise en tension neurale peuvent vous êtes enseignés par des physiothérapeutes afin de redonner mobilité au nerf sur tout son trajet.
  • Afin de mettre toutes les chances de son côté, la prise d’antiinflammatoires, l’application de glace au poignet, du repos et même un arrêt de travail temporaire sera à envisager.

 

 

Pour les conditions avancées : 

Des infiltrations de cortisone peuvent être efficaces. Sinon, pour les cas sévères, qui perdurent depuis plusieurs mois ou années, la chirurgie de décompression demeure une option si les traitements conservateurs n’ont pas donné de résultats.  

La chirurgie, qui consiste à faire une incision au niveau du ligament transverse afin de réduire la pression et les frottements sur le nerf, doit être suivie d’une rééducation complète (exercices de renforcement, de préhension et de dextérité fine). Par contre, si le retour au travail se fait sans améliorations significatives, des récidives sont à prévoir. Un changement d’emploi serait donc à envisager.  

 

Ne sous-estimer pas votre posture

Bien que ce problème semble local, bien précis au niveau du poignet, il faut toujours garder en tête l’origine du nerf médian (image 5) et son trajet (image 6), et l’impact de votre posture sur la position de notre cou, de vos bras et de vos poignets.

Origine nerf médian

 

Trajet nerf médian

 

 

 

 

 

 

Assurez-vous que votre bureau et votre chaise de travail sont bien ajustés à vos besoin. Pour contrer la posture statique d’un travail à l’ordinateur, il est idéal de faire des exercices pour garder une posture juste durant toute votre journée de travail et soulager les tensions cumulées durant celle-ci.

 

Rester actif simplement

Ma grand-mère paternel, malgré ses opérations aux deux tunnels carpiens, l’arthrose sévère à ses mains et son âge avancé, avait toujours à côté de sa chaise berçante, des élastiques à légumes et des épingles à linge afin de faire ses exercices quotidiens pour ses doigts. Elle était disciplinée pour ces petites choses et c’est sûrement grâce à cela qu’elle à pu faire de belles courtepointes aussi longtemps.

 

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